Pour la Catholic League, le candidat républicain Giuliani n'a de “catholique” que le nom
Dans mon article sur « L’appartenance religieuse des 20 prétendants (connus) à la Maison Blanche » (americatho.over-blog.com/article-10332323.html) – qui semble avoir intéressé puisque près de 700 visiteurs sont venus le lire –, je me contentais, bien sûr, de signaler les appartenances religieuses avouées dans candidats à l’investiture sans préjuger – pour ce qui est des prétendants “catholiques” – de leur orthodoxie, et je disais, en passant, que, dans le camp républicain, si l’orthodoxie de Sam Brownback me semblait difficilement discutable (quand bien même il n’est qu’un catholique récemment converti) celle de Rudy Giuliani l’était.
Sous le titre « Giuliani n’a rien clarifié », Bill Donohue, le président de la Catholic League (www.catholicleague.org), a fait paraître hier un communiqué assez révélateur.
En voici la traduction :
« En 1960, le candidat catholique à la présidentielle, John. F. Kennedy, s’était rendu à Houston pour clarifier sa position sur l’Église et l’État [1]. Aujourd’hui, le candidat catholique à la présidentielle, Rudy Giuliani, s’est exprimé à Houston pour clarifier sa position sur l’avortement. Kennedy avait réussi à apaiser les craintes des sceptiques. Giuliani a échoué.
Selon la dépêche d’Associated Press sur le discours de Giuliani, il est évident que l’ancien maire de New York n’a rien dit de neuf. Nous savons qu’il croit que l’avortement est « moralement mauvais », et nous savons qu’il soutient, de manière générale, le droit à l’avortement. Mais il lui a manqué ce jour la spécifité qu’il avait embrassée hier. Voyez comme il fut explicite dans le passé.
En 1987, Giuliani déclarait : “Je n’assimile pas l’avortement à un meurtre d’enfant, ce qui, je l’imagine, me met en conflit avec l’enseignement de l’Église catholique”. En 1989, il déclarait que si sa propre fille envisageait d’avorter, il tenterait d’abord de l’en dissuader mais si elle s’en tenait à cette décision : “Je lui donnerais l’argent nécessaire”. En 1992, il déclarait : “J’ai commis une énorme faute sur l’avortement la dernière fois. J’aurais du dire que j’étais pro-choix et m’arrêter là”. En 1997, il répondit affirmativement à la question : “Soutiendriez-vous une loi qui exigerait que les étudiants en obstétrique/gynécologie aient obligation à suivre une formation en procédures d’avortement ?”. Dans les années 1990, il fit plusieurs chèques à Planned Parenthood [2], et il les justifie aujourd’hui en disant qu’il les a signés parce qu’il estime le droit des femmes au choix. Il n’y a toutefois aucune preuve qu’il ait jamais envoyé un chèque pour soutenir les Crisis Pregnancy Centers [3], ce qui éclaire le choix qu’il préfère vraiment.
C’est aux Républicains de décider si Giuliani est le meilleur candidat. Mais les catholiques des deux partis, ainsi que ceux qui soutiennent les Indépendants, ont le droit de savoir – et par le menu – ce que décidera un candidat catholique sur une affaire que l’Église catholique considère comme un “mal intrinsèque” ».
[1] Il avait précisé que tout en étant catholique à titre privé, il se garderait bien d’appliquer la doctrine de l’Église dans sa gestion des affaires du pays…
[2] L’équivalent du Planning familial, un mouvement pro-avortement.
[3] Ces centres permettent aux femmes enceintes et en détresse, notamment économique, de mener leurs grossesses à terme grâce à une aide financière.