« Affaire de Recife » : le P. Euteneuer critique Mgr Fisichella et récompense Mgr Sobrinho

Publié le par Daniel HAMICHE


Le P. Thomas Euteneuer est bien connu des lecteurs réguliers de ce blogue. Ce prêtre américain, président de Human Life International (HLI), est un valeureux combattant pour la vie au États-Unis et dans le monde entier puisque HLI est présente dans de nombreux pays.
J’avais gardé sous le coude une déclaration du P. Euteneuer du 27 mars dernier. L’occasion m’est donnée aujourd’hui d’en rendre compte. Et voici pourquoi. Mais d’abord, des extraits de la déclaration du P. Euteneuer.

« Ce n’est pas un secret que les pro vie tout au long de ces années ont du porter le lourd fardeau d’une absence général de soutien de bien des membres du clergé sur les questions de vie, mais, jusqu’à maintenant nous avons pu nous appuyer sur différents services du Vatican pour une défense claire, cohérente et adéquate de la vie. Une déclaration faite il y a deux semaines par une personnalité officielle du Vatican à propos d’une affaire d’avortement au Brésil, a fait se lever plus d’un sourcil et provoque une sérieuse inquiétude en raison de son impact possible sur la crédibilité de l’Église dans sa défense de la vie partout dans le monde. Je sollicite vos prières afin que le Saint Siège clarifie et corrige cette situation immédiatement avant qu’un nouveau dommage survienne.
L’incident en question implique – de manière incroyable – le chef de l’Académie pontificale pour la vie, l’archevêque Rino Fisichella, qui a fait paraître le 15 mars une déclaration critiquant un évêque [1] du Brésil pour avoir, à raison, déclaré excommuniés les médecins qui ont pratiqué un avortement sur une fillette de 9 ans enceinte des suites d’un viol. La fillette était enceinte de deux jumeaux et donc les médecins ont avorté les deux bébés. Malgré son jeune âge, sa vie n’était pas en grave danger (selon l’hôpital), et la vie des deux bébés qu’elle portait ne l’était pas davantage. Même si sa vie avait été en danger, l’avortement aurait été gravement immoral car le meurtre direct d’un innocent n’est jamais permis. Il va sans dire que l’Église condamne sans équivoque l’acte incestueux [2] cvommis contre cette fillette. Toutefois, la [déclaration] de l’excommunication de ceux qui ont perpétré [l’avortement] se défend et elle mérite d’être applaudie et non critiquée par d’autres prélats. Malheureusement, l’archevêque Fisichella n’est pas le seul évêque à avoir critiqué publiquement la décision [3] de l’évêque brésilien dans son application de la loi de l’Église.
Cette innocente fillette est ainsi devenue le centre d’une vraie tempête créée par l’industrie de l’avortement qui a capitalisé sur sa victimisation pour promouvoir au Brésil l’avortement qui y est encore illégal. Malheureusement, l’intervention de l’archevêque Fisichella a donné l’impression d’une déclaration quasi doctrinale et s’est livrée entre les mains des promoteurs de l’avortement en semblant autoriser l’avortement dans le cas d’un tel « cas extrême ». L’archevêque Fisichella ne soutient pas l’avortement per se, mais, en raison d’un malencontreux choix de mots dans on article, et comme c’était prévisible, le même jour où l’archevêque Fisichella fit paraître sa déclaration, l’Associated Press le releva et titra son propre article : “Un prélat du Vatican prend la défense de l’avortement d’une fillette de 9 ans”. En vérité, le monde observe et écoute tout ce qui vient du Vatican en raison de l’immense autorité morale et spirituelle du Saint Siège. D’où le devoir d’être loyal sans réserve lorsqu’on parle au nom de l’Église catholique (…).
« La grande ironie dans tout cela c’est qu’alors que nous n’obtenons que peu ou pas de soutien des responsables de l’Église pour remettre dans le droit chemin des évêques qui négligent leur devoir de veiller à la foi du troupeau, l’évêque local, dans le cas qui nous occupe, a fait exactement ce qu’il convenait en décrétant l’excommunication [4] et il a reçu une gifle d’un officiel du Vatican ! (…)
« Prions pour que le Vatican rectifie cette erreur (…) sans délai ».

À quelques petites nuances près (voir les notes ci-dessous), c’est une bonne prise de position du P. Euteneuer, mais, hélas !, aucune rectification (ni confirmation ni infirmation convient-il de souligner) n’est venue du Saint Siège… même si Mgr Fisichella laisse entendre en privé qu’on l’a forcé à écrire ce texte.
En tout cas, une bonne nouvelle nous est venue aujourd’hui de HLI par le truchement de Jeanne Smits, directrice du quotidien Présent, et qui fut avec moi (mais plus et mieux que moi) la seule journaliste à faire l’effort de réfléchir sur les faits de cette horrible affaire et de prendre le contre-pied de la “bienpensance” épiscopale et journalistique. Ce qui nous valut à tous les deux, je le signale en passant, sarcasmes, ignorance méprisante, dénonciation comme « mauvais catholiques », comme instrument d’un « complot » contre Mgr Fisichella, voire, pour ce qui me concerne, comme soldé par les Américains. Laissons tous ces ineptes se débattre dans leur vomi et s’en barbouiller.
La bonne nouvelle donc est celle-ci : l’archevêque d’Olinda et Recife, Mgr Jose Cardoso Sobrinho a reçu hier au soir, à sa « grande surprise », le prix « Cardinal von Galen » attribué par HLI « en reconnaissance de son attitude héroïque dans l’accomplissement de son ministère épiscopal, pour la défense de la vie humaine, en affrontant l’hostilité de tous ceux qui font la promotion de la culture de mort ».
Ce n’est que justice. Mais il en est une autre qui s’impose : que tous ceux qui ont scandaleusement, faussement et publiquement attaqué l’archevêque d’Olinda et Recife, s’en excusent. Et publiquement. S’ils ont une once d’honneur…


[1] Sic pour archevêque.
[2] Il ne s’agit pas d’un inceste mais d’un viol sur mineur commis par le compagnon de la mère de cette fillette.
[3] Il s’agit plutôt d’un constat d’excommunication (latæ sententiæ) que d’une décision de l’archevêque d’Olinda et Recife.
[4] L’archevêque n’a rien “décrété” voir la note précédente.

Publié dans évangile de la vie

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