ObamaCare : un cardinal de la Curie « applaudit » !

Publié le par Daniel HAMICHE


Je ne sais pas pourquoi – monition de l’Esprit Saint ? –, mais j’ai toujours été “en retrait de la main” sur les dépêches et communiqués du service de communication officiel de la Conférence des évêques américains : le Catholic News Service.
Dans le blogue de ce service a paru avant-hier un article assez surprenant ayant pour titre « Le cardinal Martino applaudit l’initiative [d’Obama] pour l’accès universel à la santé ». L’article est signé Carol Glatz, la correspondante de CNS au Vatican.
En le regrettant, semble-t-il, Carol Glatz écrit que « le Vatican n’a pas beaucoup mis son poids jusqu’à présent dans la violente controverse que les États-Unis connaissent quant à la réforme du système de santé. » Dit de cette manière, la journaliste ne nous informe pas beaucoup sur les raisons de cette « violente controverse » : le fait que cette réforme, dans sa rédaction actuelle, autoriserait le financement sur les impôts des contribuables de l’avortement ! Sinon qu’elle y voit essentiellement une opposition « au rôle dominant que le gouvernement devrait avoir dans l’accès à des soins à bon marché pour tous les Américains ». Je me pince. Des soins gratuits pour tous ? Pourquoi pas, mais qui paye ? Et les soins médicaux sont-ils un “droit naturel” ? Certains ne le pensent pas, même des évêques américains (voir ici)… Mais je ne suis pas sûr que Carol Glatz le sache.
Qu’importe. Ce qui compte pour elle, c’est de trouver à Rome et dans les hautes sphères de la Curie quelqu’un qui aille dans son sens ou plutôt dans sa reptation devant l’usine à gaz que veut construire Obama. Et elle l’a trouvé !
Elle a pu en effet obtenir un bref entretien du cardinal Renato Martino, présentement président du Conseil pontifical Justice et Paix – habituellement la serre chaude de tous les progros –, le 15 septembre à l’issue d’une conférence de presse que tenait l’Éminence. Et voici les paroles qu’elle en a obtenues et qu’elle retranscrit “religieusement”.
« La santé des citoyens relève des autorités, du gouvernement central. J’ai donc passé 16 ans aux États-Unis [il fut l’observateur permanent du Saint Siège à l’ONU de 1986 à 2002] et je me suis toujours demandé pourquoi une grande partie du peuple américain était privée [d’accès aux soins], n’avait aucune couverture santé. Et je n’ai jamais pu m’expliquer cela… Et vous savez que partout dans le monde on trouve que c’est une préoccupation principale des gouvernements, mais il y a aussi des possibilités [offertes] par le secteur privé, mais pour ceux qui n’ont rien […], c’est au gouvernement central à y pourvoir. C’est pourquoi je ne peux qu’applaudir cette initiative [d’Obama]. »
Je traduits toutes les remarques – assez confuses – du cardinal : peut-être a-t-il émis des réserves, mais CNS ne les reproduit pas. Aucune réserve donc, de la part du président du Conseil pontifical Justice et Paix, des graves dangers de l’actuel projet législatif quant au financement de l’avortement sur fonds fédéraux, quant aux menaces sur la clause de conscience, quant à l’étatisation des soins – ce qui n’est jamais équivalent à la “qualité” des soins. Le cardinal passe tout cela par pertes et profits et Carol Glatz en semble très satisfaite.
Voilà un cardinal qui a encore perdu une bonne occasion de se taire sur un sujet où visiblement il a des lacunes, mais qui, causant, plante une nouvelle banderille romaine sur le dos des évêques américains qui se battent. ¡Olé !
Je n’ai ni le temps ni l’envie de polémiquer ici avec un collaborateur du Saint Père mais, si j’en juge par les commentaires publiés à la suite de l’article de ce blogue, le cardinal Martino a candidement – du moins je veux le croire – mais gravement contribué à élargir le fossé entre catholiques américains. Beau travail en vérité.




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G
Et la déclaration mise en gras dans le post d'Yves Daoudal ? C'est clair non ?
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Y
Le grand-duc "Promotteur de la culture de mort"! On aura tout lu! S'il reçoit aujourd'hui cette récompense, c'est bien qu'il a refuse de s'impliquer dans la mise en oeuvre de cette loi qu'il réprouve, et qu'il a accepté, plutot que de la promulguer lui-même, de perdrre une partie de ses prérogatives.Que pouvait-il faire d'autre? Le parlement, régulièrement renouvellée, tire sa légitimité, du peuple. Le grand-duc de l'histoire... Et comme disait Churchill "la démocratie est le plus mauvais système de gouvernement, à l'exception de tous les autres qui ont pu être expérimentés dans l'histoire".
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I
Bonjour, Peut-être avez-vous en partie raison dans vos critiques, je ne connais pas particulièrement le cardinal Martino ni la situation de la curie.Il me semble pourtant que vous devriez être plus nuancé dans vos condamnations ou, à défaut, argumenter de façon plus solide. Vous écrivez avec grande délicatesse "voilà un cardinal qui a encore perdu une bonne occasion de se taire" alors que vous venez d'affirmer "ce qui compte pour elle (la journaliste qui retranscrit certains propos du cardinal), c'est de trouver à Rome (...) quelqu'un qui aille dans son sens". Vous ajoutez même "peut-être a-t-il émis des réserves, mais CNS ne les reproduit pas". Cela démontre que le cardinal n'a peut-être pas dit ce qu'on cherche à lui faire dire en découpant ses propos comme de la dentelle. Sur le principe, je ne trouve rien à redire au fait que le gouvernement cherche à assurer un "accès à des soins bon marché pour tous les américains". L'Eglise n'a-t-elle pas le même souci ? Ensuite, reste à savoir comment y parvenir. C'est là que le débat commence. De même, que le cardinal voie un problème dans le fait qu'une partie du peuple soit privée d'accès aux soins ne me choque pas. Mais l'accès de tous aux soins n'impose pas l'étatisation du système de santé et encore moins le financement de l'avortement. Bref, sur les sujets explosifs, un minimum de nuance, de discernement et de prudence avant de tirer à boulets rouges sur les chefs de l'Eglise ne me semble pas être un luxe excessif...Bien à vous, en union de prière,Iktus
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G
Et lorsqu'on sait qui était le cardinal VanThuan ce courageux prélat que j'ai rencontré en 1995, qui m'a montré la croix qu'il avait fabriqué pendant sa détention abusive et dont le procès en béatification a été ouvert, c'est absolument scandaleux de décerner un tel prix à un promoteur de la culture de mort ! On sait bien aussi que Justice et Paix est très en lien avec Pax Christi qui est totalement gauchisée !
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Y
A propos du cardinal Martino, dans le dernier numéro de Daoudal Hebdo:Un scandale au VaticanMardi a été présenté au Vatican, par le cardinal Raffaele Martino, président du Conseil pontifical justice et paix, le Prix Van Thuân 2009. Il a été décerné au grand-duc Henri de Luxembourg.L'objectif principal de la fondation qui porte le nom du cardinal François-Xavier N'Guyen Van Thuan (1928-2002), prédécesseur du cardinal Martino comme président de Justice et Paix, est de « favoriser la présence de l'Eglise catholique dans la société par l'étude et la diffusion de la doctrine sociale et de son humanisme intégral et solidaire ». La fondation a été instituée en février 2007 par Benoît XVI, elle a son siège au Vatican.« Catholique engagé, le grand-duc Henri de Luxembourg reçoit ce Prix Van Thuân notamment pour sa courageuse promotion de la culture de la vie. En décembre 2008, il avait en effet annoncé au Parlement que des “raisons de conscience” l'empêchaient de signer l'adoption d'une loi sur l'euthanasie à peine votée. »C’est un énorme scandale, car c’est grâce au grand-duc Henri que le Luxembourg est devenu le troisième pays au monde à légaliser l’euthanasie.Je l’ai expliqué en long et en large dans Daoudal Hebdo (N° 15, 16, 17, 24, 27). Le grand-duc a pris la loi sur l’euthanasie comme prétexte pour se dépouiller du dernier pouvoir qui lui restait. Car s’il était à titre personnel opposé à l’euthanasie, il ne voulait en aucun cas s’opposer à la volonté des députés, comme il l’a dit explicitement dans son discours de… Noël. Il avait deux possibilités de s’y opposer : dissoudre la Chambre des députés, ou favoriser un référendum. Il n’a rien fait, au nom de la « démocratie ». Ce qui est en flagrante contradiction avec la doctrine de l’Eglise. Mais il n’y a même pas besoin d’un enseignement formel pour savoir qu’un chef d’Etat chrétien ne peut pas accepter que soit votée une telle loi.En outre, l’Académie pontificale pour la vie avait envoyé aux députés luxembourgeois une lettre pour leur demander de ne pas voter « une telle loi qui contredit totalement l'enseignement du Christ et de son Eglise, désavouant en même temps la loi morale naturelle ». Cette lettre concernait tout autant le grand-duc que les députés.Et surtout, le pape Benoît XVI avait longuement évoqué la question le 18 décembre, en recevant le nouvel ambassadeur du Luxembourg. Il disait notamment, après avoir exprimé sa « très vive préoccupation » :« Les responsables politiques, dont le devoir grave est de servir le bien de l'homme, tout comme les médecins et les familles, doivent se rappeler que “la décision délibérée de priver un être humain innocent de sa vie est toujours mauvaise du point de vue moral et ne peut jamais être licite” (Evangelium vitae). En vérité, l'amour et la vraie compassion empruntent une autre voie. La demande qui monte du cœur de l'homme dans sa suprême confrontation avec la souffrance et la mort, spécialement quand il est tenté de se livrer au désespoir et qu'il est égaré au point de souhaiter disparaître, est surtout une demande d'accompagnement et un appel à plus de solidarité et de soutien dans l'épreuve. Cet appel peut apparaître exigeant, mais il est seul digne de l'être humain et il ouvre à des solidarités nouvelles et plus profondes qui viennent, en définitive, enrichir et fortifier les liens familiaux et sociaux. Sur ce chemin d'humanisation, tous les hommes de bonne volonté sont invités à coopérer et l'Église, pour sa part, veut résolument y engager toutes ses ressources d'attention et de service. »Ce même jour, les députés votaient la loi. Et elle a été promulguée par le grand-duc, en ces termes :Nous Henri, Grand-Duc de Luxembourg, Duc de Nassau,Notre Conseil d'Etat entendu;De l'assentiment de la Chambre des Députés;Vu la décision de la Chambre des Députés du 18 décembre 2008 (…) ;Avons ordonné et ordonnons:(…) N’est pas sanctionné pénalement et ne peut donner lieu à une action civile en dommages-intérêts le fait par un médecin de répondre à une demande d’euthanasie ou d’assistance au suicide (…).Et c’est l’homme qui « ordonne » cela qui est récompensé comme un héraut de la « diffusion de la doctrine sociale et de son humanisme intégral ». C’est une horrible imposture.
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