Notre Dame University. Pitoyable défense “canonique” du P. Jenkins. Un vrai canoniste lui répond

Publié le par Daniel HAMICHE


Comme un sale gosse surpris en flagrant délit de commettre une mauvaise acti
on et qui n’a d’autre réaction pour couvrir son méfait que d’accumuler des mensonges, le P. John Jenkins (photo), président de Notre Dame, ne sait plus quoi inventer pour justifier sa pertinacité dans l’erreur et la mauvaise foi.
Sa dernière plaisanterie remonte au début du mois – d’autres ont survenu depuis… – et a été révélée par LifeSiteNews qui a pu se procurer un “commentaire canonique” que le P. Jenkins a cru pouvoir adresser à tous les membres du conseil d’administration de l’université (Board of Trustees) – ce qui révèle, soit dit en passant, que ce conseil ne fait pas bloc derrière lui et qu’au moins un de ses membres transmet, à qui de droit, les informations internes…

Voici la curieuse interprétation du P. Jenkins.
Le document Catholics in Political Life, des évêques américains (United States Conference of Catholic Bishops, USCCB) de 2004, fait défense d’offrir des tribunes et de rendre des honneurs aux politiciens soutenant et/ou promouvant des initiatives « en défiance » à la doctrine morale et à l’enseignement de l’Église.
Certes, répond le P. Jenkins, mais « puisque le titre de ce document est Catholics in Political Life, nous en déduisons qu’il fait référence au fait de rendre des honneurs à des catholiques dont les actes ne sont pas en accord avec nos principes moraux. Cette interprétation a été soutenue par les juristes en droit canon que nous avons consultés, et qui nous ont précisé que, par définition, seuls des catholiques qui reconnaissent implicitement l’autorité de l’enseignement de l’Église peuvent agir “en défiance” d’elle. En outre, des confrères présidents d’universités m’ont dit que leurs évêques leur avaient dit qu’en fait ce document ne fait référence qu’aux hommes politiques catholiques ». Or Obama n’est pas un catholique : c’est un protestant paraît-il (enfin, allez savoir…) et donc ce document épiscopal qu’on ose opposer au P. Jenkins – qui le vénère bien sûr, encore qu’il rappelle qu’il n’est qu’un « rapport intérimaire » et donc « provisoire » – ne saurait s’appliquer au cas qui nous occupe… Et passez muscade… Quel tartufe !

Manque de chance, le pitoyable tripatouillage canonique du P. Jenkins est tombé sous les yeux d’un canoniste, d’un vrai : le Dr Edward Peters [1]. Voici ce qu’il écrit le 9 avril sur son blogue.

« Le P. Jenkins découvre le droit canon… Pas du tout.
Le président de Notre Dame, le P. John Jenkins continue de gesticuler dans sa recherche d’une bonne réponse (encore que, sauf à ce qu’il démissionne,
il n’y a pas de bonne réponse) à sa monumentale gaffe d’accorder un doctorat honoraire en droit à un président qui a passé toute sa carrière politique à veiller à ce que des millions d’êtres humains soient exclus de la protection de la loi. La dernière trouvaille de Jenkins c’est une bouée de sauvetage étiquetée “juristes en droit canon consultés”. Imaginez.
Il est paradigmatique pour la gauche théologique d’ignorer le droit canon quand il présente le plus léger inconvénient à ses plans, mais à se cacher derrière les canons (ou au moins derrières des
canonistes, même anonymes) quand cela leur permet un maquillage (encore que bien fin) à leurs évidentes bourdes et malfaisance. Et voilà Jenkins, invoquant des juristes en droit canon non identifiés, qui soutient que la déclaration de 2004 de l’USCCB, “Catholics in Political Life”, interdit seulement aux institutions catholiques de rendre des honneurs aux catholiques pour les actes politiques qui manifeste un mépris pour les principes moraux fondamentaux.
Est-ce que le gars est sérieux ?
Jenkins pense-t-il
vraiment que les évêques catholiques apporterait son soutien à une institution catholique qui honorerait un assassin philanthrope, ou un pornographe menant une croisade pour la liberté de parole, ou un souteneur défenseur du droit-à-la-vie-privée, à la seule condition que le lauréat ne soit pas catholique ? Il n’y a pas de mot pour une telle incongruité.
Mais pour parler de mots, les spécialistes en droit canon non nommés par Jenkins (on supposera, au fait, qu’ils ont bien répondu à la question que Jenkins pensait qu’il était en train de leur poser, et que Jenkins a bien compris et cite avec précision leur réponse) lui disent que “par définition, seuls des catholiques qui reconnaissent implicitement l’autorité de l’enseignement de l’Église peuvent agir ‘en défiance‘ d’elle”. Hein ?
Qu’est-ce que c’est que cette histoire de “par définition” ? Quelle définition ? Une définition de “défiance” ? Le mot “défiance” n’appartient pas au Code [de droit canonique]. Même le latin
pertinacia ne semble pas pouvoir s’appliquer à ces faits, alors, de quoi Jenkins est-il en train de nous parler ici ? Je n’en sais rien, mais quoique Jenkins et ses canonistes espèrent qu’il signifiera, la phrase dans laquelle il (ou eux) met trop de chose n’était évidemment pas adaptée à une fine analyse grammaticale. De plus, tout ce qu’un catholique devrait faire pour éviter d’être accusé d’agir “en défiance” de l’autorité de l’Église serait d’abord de refuser de reconnaître cette autorité !
De même, observez comment l’affirmation de Jenkins qu’accorder un doctorat honoris causa au plus puissant homme politique du mouvement pro avortement qui ait jamais existé, ne “suggère pas un soutien” à tous les actes pro avortement de cet homme politique, comment cette affirmation peut être analysée comme une défense de Jenkins : un doctorat
honoris causa en droit ne “suggère” pas un soutien à la philosophie du droit d’un homme politique, pas du tout, en fait il le hurle. Par conséquent, Jenkins n’est pas coupable de “suggérer” un soutien. Les jeux de mots ne sont-ils pas rigolos ?
Plus sérieusement, ce que je me demande c’est pourquoi, parmi les juristes en droit canon que Jenkins prétend voir consultés, pas un seul n’ait, semble-t-il, avancé la plus évidente solution au problème de son client :
La déclaration de l’USCCB ne s’appliquent qu’aux “institutions catholiques”, d’accord ? Eh bien, tout ce que Jenkins et le conseil de ND ont besoin de déclarer c’est que Notre Dame n’est pas une “institution catholique”, et
pouf ! tous les problèmes disparaissent. Notre Dame pourrait, après cela, alors conférer des doctorats en droit honoris causa à qui elle voudrait, même à des gens qui ont bâti leur carrière sur la négation de la protection de la loi aux enfants à naître, et aucun évêque ne pourrait redire à cela ».


[1] Ce canoniste réputé aux États-Unis, avec qui je correspond, m’a autorisé de traduire et de faire paraître sa très bonne étude parue le 28 novembre dernier sur son blogue In the Light of the Law, relative à l’arsenal canonique dont disposent les évêques américains pour “discipliner” les politiciens catholiques pro avortement. Ce texte va paraître dans la première livraison de la nouvelle revue de l’abbé Guillaume de Tanoüarn, Respublica Christiana. Un Must Read comme disent les Américains.



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