USA : la pénurie de prêtres impose d’en “importer” toujours plus
Quand on réfléchit sur le catholicisme aux États-Unis, il faut abandonner ses réflexes intellectuels franco-français. Le catholicisme s’y est développé d’une manière toute différente qu’en France et l’immigration de fidèles et de prêtres est une règle qui ne s’est pas démentie depuis plus de deux siècles, sauf pendant la courte période allant de 1940 à 1960 où l’Amérique était “autosuffisante” disposant d’un prêtre pour 619 fidèles catholiques (aujourd’hui nous avons 1 prêtre pour 1 375 catholiques, soit l’équivalent du rapport européen on l’on dispose d’un prêtre pour 1 374 catholiques). La population catholique d’alors était de 28 millions : on en compte 68 de nos jours…
Un livre publié en 2006, International Priests in America, et rédigé par Dean Hoge, professeur de sociologie à la Catholic University of America (Washington D.C.), et le prêtre dominicain nigérian Aniedi Okure, tente de faire le point sur la réalité du clergé immigré aux États-Unis qui représente 16 % du clergé américain : 1 prêtre sur 6 ayant un ministère aux États-Unis n’est pas Américain. Plus significatif encore, 27 % des prêtres récemment ordonnés aux États-Unis sont nés à l’étranger. Depuis 1985, quelque 7 000 prêtres étrangers ont été en apostolat aux États-Unis : ils sont aujourd’hui 5 500 en activité (sur 42 000 dont un grand nombre est à la retraite). Ce sont des estimations car on ne dispose pas de statistiques précises des services de la conférence épiscopale. Ce qu’on sait, c’est que 300 prêtres étrangers arrivent chaque année aux États-Unis pour un apostolat et que le tiers des séminaristes américains est né à l’étranger. Or, la formation d’un prêtre dans un séminaire américain coûte $100 000, mais un prêtre Vietnamien n’en aura coûté que 5 000. On comprend que les évêques américains aient recours à des prêtres étrangers, même si certains diocèses des États-Unis “compensent” des diocèses étrangers pour les prêtres qu’ils en “importent” (c’est le cas, notamment, des diocèses de Harrisburg, Pennsylvanie, et de Richmond, Virginie).
Pendant le pontificat de Jean-Paul II, si le nombre de fidèles catholique s’est accru de 29 %, celui des prêtres à chuté de 26 % ! Aujourd’hui, l’âge moyen d’un prêtre en activité est de 57 ans.
D’où viennent ces prêtres étrangers ? Les statistiques ne nous le disent pas, mais on sait qu’ils viennent en nombre du Vietnam, du Mexique, des Philippines, du Nigéria, de Pologne, des Indes… Dans cinq “gros” diocèses américains, près du quart des prêtres en exercice sont étrangers : Los Angeles (384 prêtres), New York (278), Newark (235), Miami (200) et Chicago (174).